Sturla Gunnarsson, 3ème partie: Le rôle de la Guilde des réalisateurs du Canada dans la lutte pour la sécurité des droits des auteurs
Interviewed by Evelyn Ellerman at Toronto on Mars, 2012
Ellerman. Vous vous êtes impliqué pendant quelque temps avec la Guilde des réalisateurs du Canada. Parlez-moi du travail de la Guilde.
Gunnarsson. La Guilde des réalisateurs a été fondée il y a 50 ans par quatre réalisateurs par un coup de bluff. Ils ont installé un bureau dans un placard à balai avec un bureau et un téléphone; ils avaient décidé qu’une organisation de réalisateurs était nécessaire. Ils ont entendu qu’un film américain allait venir en ville, alors ils se sont appelés eux-mêmes ‘la Guilde des réalisateurs du Canada’ et ils ont téléphoné au DGA (Guilde des réalisateurs américains) et ont demandé à parler au président. Ils se sont déclarés eux-mêmes comme les directeurs de la Guilde du Canada et ont revendiqué la juridiction. A leur grande surprise, DGA l’a accepté. C’est cela qui a donné naissance à la Guilde des réalisateurs du Canada.
C’est basé sur la simple notion que des réalisateurs unis sont plus forts que des réalisateurs divisés. Au cours des années, elle s’est élargie au-delà des réalisateurs jusqu’aux réalisateurs adjoints, concepteurs de production, éditeurs, chefs monteurs, directeurs de production : au fond, tous les gens qui font un film. Ce que nous faisons est fournir des services de sociétariat, comme santé et aide sociale (parce que les enfants d’artistes ont aussi besoin d’appareils orthodontiques) et nous sommes aussi impliqués dans le discours de politique publique.
E. L’environnement technologique pour la création d’un film a considérablement changé. Il y a des questions au sujet de l’environnement règlementaire et sur la manière dont les gens vont monétiser leurs efforts à l’avenir. Que pense ou fait la Guilde des réalisateurs dans cette direction?
G. Le côté positif de l’économie numérique est qu’elle a le potentiel de faire du monde entier notre marché; C’est la théorie à longue queue. Ces films canadiens peu coûteux peuvent ne pas faire une énorme audience en Amérique du Nord, mais dans l’ensemble du globe, il y a un auditoire. C’est pourquoi, nous essayons toujours d’approcher notre travail d’une manière positive. Nous ne voulons pas être traînés trépignant et en hurlant dans le monde moderne, mais nous voulons être d’abord dans le monde moderne.
Nous avons été déçus récemment. La Cour Suprême a rejeté notre appel. Nous voulions prendre Internet dans la Loi sur la radiodiffusion, et la Cour Suprême a décrété contre cet effort. Ce n’était pas tant une question d’essayer de règlementer Internet que de le monétiser pour assurer que les nouveaux venus dans notre voisinage payent pour réparer la route comme c’était – Les Netflix…nous l’aimons tous, J’aime Netflix. Mais s’ils vont fonctionner ici, ils doivent payer leur fret. Alors je pense que nous allons chercher d’autres moyens et capturer ces plateformes. Les gens disent qu’on ne peut pas règlementer Internet. Parlez-en à la Chine, parlez-en au gouvernent Harper. Internet est éminemment contrôlable. La question est seulement dans quel but.
Nous recherchons de nouveaux moyens de monétiser notre travail car il se dirige vers d’autres plateformes. C’est un défi. Un producteur de mes amis qui possède une franchise très réussie (et ils sont partout sur Internet), dit que cela lui coûte de l’argent, mais qu’il ne peut pas se permettre de ne pas y être. Je pense que c’est là où nous en sommes avec l’économie numérique : nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas y être.
E. Une difficulté vient de la fusion du plus ancien modèle de ventes intérieures et internationales. Ou voyez-vous cela de cette façon?
G. Eh bien, je ne suis pas sûr parce qu’il y a toujours eu des revendeurs. Si vous allez au Rajasthan, il y aura là des gens revendent les tapis qui sont tissés. NBC, CBS, CTV : ce sont des revendeurs de contenu audiovisuel. Netflix est un revendeur de contenu audiovisuel. Alors tout cela revient à savoir comment vous créez le produit et quelle est la fonction de la politique publique par rapport au produit créé.
E. comment voyez-vous le rôle de CRTC dans cette soupe numérique changeante?
G. Sans CRTC, il n’y aurait pas de télévision canadienne, il n’y aurait pas de film, bien que par inadvertance ils n’aient pas été tendres récemment pour le secteur du long métrage. Je pense qu’il est absurde de suggérer qu’Internet n’est pas impliqué dans les activités de radiodiffusion. Je regarde en ligne la plupart de mon contenu audiovisuel. Toute personne de moins de 30 ans regarde en ligne tout son contenu audiovisuel. Alors Internet est un diffuseur et la Loi sur la radiodiffusion est une loi très raisonnable. Ce à quoi probablement nous nous attendons ce sont des révisions D’une façon ou d’une autre, nous devons capturer l’esprit de la Loi sur la radiodiffusion dans la nouvelle économie; sans cela, la voix de la communauté ne sera pas là. Beaucoup de gens diront : «Et alors?» Peut-être était-ce seulement une idée. Peut-être était-ce seulement une idée stupide : le Canada.
E. La loi sur les droits d’auteur y est également impliquée. Comment voyez-vous des changements à cette loi qui touche votre entreprise?
G. Pour les réalisateurs et les auteurs, ce qui est important pour nous d’obtenir – et nous sommes encore optimistes—c’est la reconnaissance de nos droits d’auteurs La Loi sur les droits d’auteur déclare aujourd’hui que le droit d’auteur appartient à l’auteur, mais elle ne définit pas qui est l’auteur. Alors les écrivains et les réalisateurs sont dans une sorte de limbes au moment où nous en allons vers la nouvelle économie numérique, en ce qui concerne le maintien d’une relation économique continue avec notre travail. Alors avec ce caveat, avec cette modification, nous soutenons absolument cette loi. Le contenu audiovisuel ne tombe pas des arbres. Des personnes le produisent; cela coûte de l’argent, cela implique de l’investissement. Il faut qu’il y ait une législation établie qui lie les créateurs de spectacles portés à l’écran aux revenus qui en dérivent. Rien n’est gratuit dans ce monde.
E. Où vous voyez-vous, vous-même, en tant que réalisateur dans cinq ans, étant données les conditions dont nous avons parlé et le flux de règlementations et de technologies?
G. J’aime penser que je continuerai mon chemin.
E. Toujours à travailler là?
G. Oui, je suis un réalisateur actif. C’est ce que je fais, c’est là que je me sens vivre. C’est ce que j’aime faire. J’aime être en scène.