Tom Cox, 1re partie: Choisir d'être plus commercial

Interviewed by Fil Fraser at Banff World Media Festival on Juin, 2011

Je m’appelle Tom Cox. Je suis président et directeur associé gérant de SEVEN24 Films, basé à Calgary.

Fil Fraser: Ce n’est qu’un des tes rôles, parmi plusieurs.

Tom Cox: C’est mon rôle principal. Je suis l’un des PDG d’un nouveau service de câblodistribution de niche, qui s’appelle Distribution360, en collaboration avec marblemedia de Toronto. Je suis aussi chef de direction de la CFPTA [CMPA].

F: Tu as vécu tous les défis auxquels les producteurs canadiens doivent faire face. Comment est-ce que le climat des politiques de la culture a évolué jusqu’au présent?

C: Le système est devenu beaucoup plus sophistiqué. Je me rappelle l’époque où l’on montrait son projet à untel chez Téléfilm, où il n’y avait qu’une ou deux personnes au pays entier qui pouvaient y dire oui ou non.  Peut-être que le Conseil du Canada accepterait de subventionner son projet, mais il n’existait pas d’autres agences au niveau provincial. C’était une industrie artisanale.  On est des années-lumière d’avance sur cette époque, du point de vue de la compréhension de nos besoins et de la façon dont on développe du contenu. La CMF en est l’exemple parfait; et Téléfilm réévalue régulièrement son propre rôle au sein du système. Et les agences provinciales et les entreprises privées (que ce soit Shaw ou Cogeco) arrivent à converger sur la création d’un contenu canadien, un contenu de haute qualité. C’est fantastique.  Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas encore du travail à faire, ni des erreurs à corriger.

F: Décris pour nous comment ça fonctionnait à l’époque, comment il fallait dans les premiers temps recommencer à zéro chaque fois qu’on voulait faire un film. Ton entreprise fait partie de celles qui réussissent à merveille dans ce pays, qui fonctionnent comme des commerces pratiques et efficaces, sans les hauts et les bas d’autrefois.

C: C’est le résultat d’une décision très réfléchie de notre part. Mon associé à l’époque, Doug MacLeod, et moi avons compris que nous vivions quasiment une mode de vie de chasseurs-cueilleurs: on poursuivait un projet, on l’achevait, on en subsistait brièvement, puis il fallait scruter l’horizon pour un nouveau projet, retourner sans cesse à la chasse. Pour créer quelque chose de plus durable, il a fallu tout repenser, nous distancier un peu du processus. Lorsqu’on tournait North of Sixty, par exemple, ou la série Ray Bradbury Theatre, nous passions 24 heures sur 24 sur le tournage. Travailler à temps plein comme ça c’est une expérience incroyable, et on peut finir par créer quelque chose d’exceptionnel. Mais une fois que c’est terminé, on n’est guère plus avancé.

F: Personne saine d’esprit ne travaillerait ainsi sans croire passionnément à la nécessité de conter ces histoires.

C: C’est absolument vrai, et c’est cette passion qui devrait fonder notre travail. Moi, je ne fais plus partie du processus créatif, et cela me manque. C’est dur de reconnaître que mon travail de directeur s’appuie sur le talent créateur des autres.  Je suis très fier d’aider à mettre des projets au monde et de les aider à grandir, mais ma place n’est plus sur le tournage. J’y vais parfois, et c’est clair que mon rôle se trouve ailleurs.

F: L’évolution des associations auxquelles tu as contribué est dramatique. Tu étais membre de l’AMPIA autrefois, et tu y appartiens maintenant à l’échelle nationale.  Mais ils ont dû se battre, ces organismes, et à l’époque personne ne les prenait au sérieux. Et voilà, maintenant les gouvernements n’osent pas bouger sans leur approbation, sans les avoir consultés.

C: Dans les cas de l’AMPIA et de la CFTPA [CMPA], cela nous a pris des années pour gagner la confiance et la foi du gouvernement. Il a fallu tenir un vrai dialogue. Pour notre part, nous avons essayé de garder un ton unifié, mais modéré aussi. Nous ne sommes pas là simplement pour quêter – nous cherchons à collaborer avec les télédiffuseurs, les distributeurs, avec le gouvernement, les organismes, avec les agences pour améliorer l’industrie. Je crois que les rapports que nous avons à présent avec le gouvernement sont vraiment remarquables – mais il faut du travail soutenu pour maintenir la confiance mutuelle et pour aboutir à des dialogues fructueux.

Tom Cox, 2ème partie: Le succès de l'industrie et le climat fiscal