Sylvia Franck, 1re partie: Les origines et les collections de la bibliothèque d’ouvrages sur le cinéma au Festival international du film de Toronto

Interviewed by Evelyn Ellerman at Toronto International Film Festival Offices on Mars, 2012

Franck. Je m’appelle Sylvia Franck. Je suis à la fois directrice de la bibliothèque d’ouvrages de référence sur le cinéma et des collections spécialisées, et conservatrice de la galerie du cinéma canadien CIBC. Cette galerie fait partie de la bibliothèque et sert de vitrine à nos collections spécialisées. Fondée en 1990, la bibliothèque relevait initialement de l’Institut du film de l’Ontario (Ontario Film Institute), mais dès cette année-là elle a intégré le Festival international du film de Toronto (TIFF), qui s’occupait du programme de projections. Ces activités se déroulaient au Centre des sciences de l’Ontario; incorporées dans le festival, elles constituaient à l’époque les seules activités ayant lieu pendant toute l’année. Le rêve a toujours été d’avoir nos propres locaux. Au début nos bureaux se situaient d’abord au 70 Carlton dans l’immeuble Warner Brothers, et ensuite au 2 Carlton pendant un certain nombre d’années. Nous voici, aujourd’hui, bien installés au TIFF Bell Lightbox.

Ellerman. Pouvez-vous me parler un peu de vos services : par exemple de quelle façon ces derniers ont-ils pris de l’expansion au cours des années?

Frank. Nos collections étant à l’origine des collections gouvernementales abritées à l’Institut du film de l’Ontario, nous avons toujours eu un mandat public. Ainsi, notre mandat spécifie-t-il que le grand public devrait avoir accès à ces collections : en effet la bibliothèque est accessible. Nous sommes ouverts six jours semaine, et le week-end de midi à 17h00. Nous offrons un service complet de références; l’étendue des recherches que nous pouvons effectuer est par ailleurs assez étendue. Certaines personnes ont des questions relativement simples à nous poser, mais nous sommes également en mesure de faire des recherches en profondeur. Les questions posées doivent évidemment porter sur le cinéma, mais dans les faits elles peuvent concerner des festivals du film n’importe où au monde, ou notre festival à Toronto, ou encore n’importe quel aspect de la programmation à Toronto depuis 35 ans, y compris la programmation de la cinémathèque de Toronto. L’année dernière nous avons eu 10.000 visiteurs. Nous répondons chaque année à plus de 10.000 demandes de recherche. Alors le fait d’être installés dans ces locaux permet aux gens de connaître toute la gamme de nos ressources, ce qui n’était pas le cas auparavant.

E. On a l’impression que vos collections se focalisent sur l’industrie. Si je voulais consulter vos collections, qu’est-ce que j’y trouverais?

F. Non, nos collections ne concernent pas uniquement l’industrie comme telle, mais les gens travaillant pour l’industrie seront intéressés de savoir que nous disposons de la série complète des documents de recherche de la revue Cinéma Canada, et par là j’entends non seulement la revue, mais aussi toute la documentation qui a permis de sortir chaque numéro. Cette revue était considérée comme la bible de l’industrie; pendant des décennies, c’était la seule revue consacrée à l’industrie. Nous disposons donc de ce genre d’informations là, d’informations concernant les films eux-mêmes, des documents spécifiques consacrés aux cinéastes, à la production cinématographique, aux entreprises de production de films. Cela veut dire que nous avons beaucoup d’informations. Nous disposons également de collections spécialisées. Nous abritons les archives d’Atom Egoyan, de David Cronenberg; nous hébergeons 30 archives spécialisées consacrées aux cinéastes canadiens.

E. Mais c’est extraordinaire : cela constitue une véritable mine d’or pour toute personne intéressée à étudier la cinématographie canadienne. Qu’entendez-vous faire de ces collections? Avez-vous l’intention d’en développer certains éléments? Ou préférez-vous attendre de voir ce qui se passe?

F. Nous entendons faire les deux. Parfois, nous recevons des documents sans nous y attendre le moindrement. Par exemple, un collectionneur peut discrètement être en activité pendant longtemps. Nous avons l’une des meilleures collections au monde consacrées à Mary Pickford. La raison en est simple : un collectionneur rassemblait une collection pendant 30 ans, et par chance il habitait Toronto. Il voulait que sa collection soit hébergée quelque part, que le public y ait accès facilement. Et il voulait que le public connaisse Mary Pickford. Comme ce collectionneur connaissait un membre de notre Conseil d’administration, nous avons fini par faire l’acquisition de cette collection. D’autres fois, nous cherchons évidemment à nous procurer des collections, comme dans le cas de certains cinéastes tels qu’Atom Egoyan. Nous entendons bâtir autant que possible des collections portant sur l’histoire du cinéma au Canada. Alors, nous utilisons différentes stratégies.

Nous disposons de collections provenant des entreprises de production; certaines fois, lorsqu’une entreprise de production ferme les portes, elle a besoin de faire archiver ses documents. Lorsque nous entendons parler de telles occasions, nous intervenons parfois afin de faire des acquisitions. Nous projetons aujourd’hui des films; nous disposons également d’une grande galerie à l’étage du dessus; nous avons de plus un rayonnement international. Certaines fois, nous faisons l’acquisition d’œuvres en nouveaux médias, nous en exposons, car c’est un domaine qui intéresse beaucoup de cinéastes canadiens. Alors nos collections englobent les œuvres en nouveaux médias, le film, les jeux vidéo (car le TIFF Bell Lightbox est très impliqué dans ce dernier domaine également). C’est ainsi que nous entendons développer nos collections dans différents champs d’activité, tout en mettant l’accent bien évidemment sur les artistes canadiens.

Sylvia Franck, 2ème partie: Rôle de l’Encyclopédie du film canadien