Kim Todd, Part 2: Life as a producer
Interviewed by Fil Fraser at Banff World Media Festival on Juin, 2011
Fraser. Parlez-nous de la façon dont vous êtes devenue productrice.
Todd. Personne ne grandit en disant qu’il va devenir producteur. J’ai grandi en disant que je voulais raconter des histoires. J’ai étudié la création littéraire à l’Université de York et ai tracé mon propre chemin. Je suis allée à York car c’était la seule université à l’époque qui ait une formation en création littéraire. J’ai étudié aux côtés d’Irving Layton, John Cole, Frank Davies et Eli Mandel. Il y avait un fabuleux groupe d’écrivains là-bas. J’ai travaillé à Coach House Press en tant que stagiaire, ainsi qu’avec Dave Godfrey, un romancier récipiendaire d’un prix du Gouverneur Général, et qui était aussi mon professeur.
Après mon diplôme, je suis partie à Paris et ai découvert que j’avais appris à lire et à commenter, j’avais appris ce qui concernait les histoires. Mais j’étais très impatiente vis à vis de moi-même parce que je n’écrivais pas comme James Joyce. Après tout j’étais à Paris, alors que se passait-il ? J’avais étudié et aimais aussi beaucoup les arts visuels. Ainsi, à Paris, en tant qu’étudiante, j’allais au Louvre tous les dimanches. J’admirais tellement le pouvoir de ces images. Quand j’étais à Paris, je passais tout mon temps dans les galeries. Sans aucun mot, elles en disaient tellement. Puis un jour, j’ai véritablement eu une révélation comme dans un conte de fée, j’ai pensé qu’il me fallait raconter des histoires avec des images, dans des films. Est-ce que ce n’est pas très fort ça ?
Je suis donc revenue à Toronto en pensant que je voulais faire des films. Je ne savais pas si j’allais les écrire, les réaliser ou les produire. J’ai donc commencé à travailler en tant qu’assistante de production, j’ai fait le café, et j’étais coursier, j’étais une très bonne assistante de production. J’ai travaillé en tant que serveuse et ai fait tous les boulots qui vous apprennent à apprécier un bon travail quand vous en obtenez un. Mais ma seule obsession, toujours, était de raconter des histoires. J’ai un penchant pour l’organisation, j’aime travailler avec les gens. Travailler comme romancier sous une mansarde à Paris n’était pas pour moi. Après avoir été assistante de production, j’ai été assistante réalisatrice puis directrice de production. J’ai travaillé en tant que monteuse, j’ai travaillé pour The Journal à la CBC, produisant des documentaires sur l’art, j’ai monté une galerie d’art sur Queen St. Ouest, j’étais très impliquée dans le monde de l’art, de la musique et de la danse. Cela a été une époque fabuleuse pour moi.
J’ai récemment été interviewée sur une exposition d’art, et sur l’histoire de Queen St. Ouest, parce que nous étions des pionniers là-bas. J’ai toujours été impliquée dans des projets créatifs pour faire avancer les choses. Un jeune enfant m’a une fois demandé lorsque j’étais très jeune, à la galerie YYZ dont j’avais écrit le manifeste…il a dit, « Pourquoi faites-vous cela ? » Et j’ai répondu, « Cela me permet de rester saine d’esprit. » Raconter des histoires, travailler avec le producteur, le réalisateur et le scénariste pour former un scénario et rassembler tous les éléments pour la production : c’est très gratifiant pour moi. Pour être franche, en tant que femme, le rôle qui m’était autorisé était celui de productrice. L’industrie pouvait voir les femmes comme productrices. C’est une sorte de rôle organisationnel maternel, et il y a beaucoup de femmes productrices.
F. et beaucoup d’entre elles pionnières…..
T. Oui. Il y en a beaucoup à présent. Mais on ne pouvait imaginer des femmes réalisatrices à cette époque. Et, évidemment, la première chose que j’ai faite en tant que productrice c’est d’embaucher des femmes réalisatrices et scénaristes. Je ne l’ai pas fait de façon militante, c’est plutôt parce que je gravitais autour de cette sensibilité. A un moment, lorsque nous faisions The Adventures of Shirley Holmes, qui était à propos d’une jeune fille, j’ai dit à Elizabeth Stewart, qui était notre lectrice-analyste de scénarios en chef, « Il nous faut plus d’hommes dans cette équipe de scénaristes. Nous n’avons pas de testostérone dans cette pièce ! » Cela avait toujours été le contraire. Les équipes de scénaristes avaient toujours été constituées d’hommes. De ces manières-là, nous les femmes, nous avons changé le visage de l’industrie, et y avons apporté un certain équilibre et une sensibilité. Les gens me demandent si je regrette d’être devenue productrice et non scénariste. « Je n’ai pas encore fini » est ma réponse. J’ai certainement souvent contribué aux scénarios. Mais, faire en sorte que les histoires soient racontées, tout particulièrement à la télévision, est un tel effort de collaboration. C’est si formidable….
F. Oui, mais vous assemblez toutes les pièces du puzzle. Vous avez tout fait. C’est l’entreprise qui demande le plus de collaboration que je connaisse. Le producteur a une image dans son esprit du film qu’il est en train de faire; le réalisateur dit « Je sais ce dont il s’agit »; le scénariste ajoute, « Ne touchez pas une syllabe ! » ; et il y a le directeur artistique qui dit, « Voilà de quoi cela doit avoir l’air. » Et vous avez un monteur…
T. Le monteur, ou la monteuse, ne fait que s’asseoir et attendre ! Le film lui arrivera dans les mains à la fin.
F. Et le génie du producteur consiste à faire en sorte que tous ces éléments fonctionnent ensemble pour faire un même film.
T. Ma fille, qui a maintenant 22 ans, m’a dit quand elle en avait environ six, « C’est comme si tu étais la maman de la production, n’est-ce pas maman ? » Elle comprenait le rôle. Mon travail consistait à assembler toutes les pièces pour faire le meilleur film que nous pouvions. Si vous avez un scénariste et un réalisateur qui ne sont pas d’accord, c’est l’erreur du producteur. Le producteur constitue l’équipe. Il est vrai que les télédiffuseurs ont leur mot à dire et prennent des décisions en ce qui concerne la télévision, et que les distributeurs et autres personnes influentes font des suggestions dans le domaine des films, vous pouvez donc vous retrouver avec des personnes dans des rôles créatifs qui ne sont pas compatibles. C’est mon travail de m’assurer que nous faisons tous le même superbe film. J’adore ce défi. J’adore faire en sorte d’obtenir le meilleur de tous, m’assurer qu’ils adhèrent, qu’ils se sentent appréciés et respectés. Mais qu’ils se respectent aussi mutuellement. Il faut éviter toute dispute de territoire.