Kim Todd, Part 1: Début de carrière au Manitoba et en Saskatchewan

Interviewed by Fil Fraser at Banff World Media Festival on Juin, 2011

Je m’appelle Kim Todd. Je suis productrice de films et de télévision depuis de nombreuses années. 

Fraser. Je déjeunais aujourd’hui avec des gens  qui vous voient comme une icône.

Todd. Si vous êtes dans le métier depuis suffisamment longtemps, alors c’est sûr que vous allez devenir une icône. Lorsque j’ai commencé dans l’industrie du film et de la télévision à Toronto, nous étions des pionniers. J’ai signé le premier accord syndical d’Atlantis films, l’une de ces sociétés pleines de promesses qui a atteint une taille assez importante très rapidement. Au début des années 1990, lorsque je travaillais pour Atlantis, j’ai travaillé en Nouvelle Zélande, qui avait, elle aussi, une nouvelle industrie passionnante. 

Je suis ensuite venue à Winnipeg pour tourner The Diviners, basé sur le roman de Margaret Laurence. Il y avait une industrie de la culture bien établie à Winnipeg : le «  Winnipeg film group », avec Guy Maddin, est né de ce terreau-là. Winnipeg est un centre culturel, elle n’avait pas une industrie commerciale bien développée pour compléter cela. Quand Credo Entertainment de Winnipeg m’a proposé de m’associer à eux, j’ai été très tentée, en partie parce que je venais de devenir une mère célibataire avec une enfant de quatre ans et que je devais trouver comment être maman et productrice à la fois. 

J’ai pensé qu’en tant qu’associée, je pourrais choisir mes projets et refuser ceux qui m’enverraient en Afrique du Sud pendant deux ans : ce qui n’est pas particulièrement romantique quand vous êtes mère d’une enfant de quatre ans. J’étais aussi attirée par l’aspect pionnier de Winnipeg : les équipes de tournage étaient jeunes et enthousiastes. L’accessoiriste travaillait sur votre film pendant la journée et dans une galerie locale le soir. Vos électriciens venaient pour tourner des petits films. Il y avait un enthousiasme à faire des films et de la télévision qui me rappelait ce qui s’était passé à Toronto. Mais au moment où je déménageais à Winnipeg, Toronto était devenue une ville d’affaires plus qu’une ville pionnière. Cela me rafraîchissait donc d’aller à Winnipeg.

F. Winnipeg est l’un des grands secrets canadiens. Elle a une longue tradition de soutien à la culture.

T. Oui. Je suis vraiment allée là-bas pour chercher un changement dans ma vie ; je ne connaissais personne d’autre à Winnipeg. Cette association avec Credo Entertainment m’a permis de développer des programmes pour enfants auxquels ma fille, lorsqu’elle a grandi, a participé. J’ai produit The Adventures of Shirley Holmes pour YTV là-bas, qui a très bien marché. Ma fille lisait les scénarios, les commentait, et se sentait comme impliquée dans ma vie professionnelle. Cela m’a aidé dans ma vie personnelle à avoir un type de partenariat qui me permettait de travailler autant, mais de partir à 17 heures, d’aller la chercher à la garderie, de l’amener à la maison et de la coucher, puis de travailler un peu plus. Winnipeg m’a aidée à réorganiser ma vie.

F.  Parlez-nous de la communauté du film à Winnipeg à l’époque et comment vous vous y êtes intégrée.

T. Quand je suis arrivée à Credo Entertainment, Michael Scott s’y joignait aussi. C’est une légende dans le domaine du film canadien certainement à Winnipeg et dans l’Ouest. Il avait dirigé le bureau de l’Office National du Film à Winnipeg. Derek Mazur était le PDG de Credo à l’époque. C’était le dirigeant. Michael et moi étions les producteurs. L’un des premiers projets que nous avons fait a été le « Prairie Sixpack », qui consistait en six films pour lesquels CKND, la petite chaîne d’Izzy Asper à l’époque, avait acheté des droits. Ces films étaient censés être des projets expérimentaux pour les équipes de tournage des Prairies. Nous voulions trouver deux scénarios dans chaque province pour les produire comme téléfilms. Nous n’avons pas pu, en l’occurrence, trouver six scénarios que nous aimions. Nous en avons trouvé un dans chaque province, c’est donc finalement devenu le « Prairie Threepack ».

Je suis allée ensuite à Regina pour travailler avec un scénariste de Regina et une équipe de tournage manitobaine, une équipe très inexpérimentée. Je me souviens d’un éclairagiste de Regina se tournant vers mon premier assistant réalisateur pour lui dire, « Vous les gars, vous n’êtes là que pour voler nos emplois et nos femmes ». C’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’il y avait des barrières que nous devions abolir dans les Prairies et au Canada. A présent, la Saskatchewan a une industrie bien développée aussi. Je suis fière d’avoir été là au tout début.

Le film que nous avons fait s’appelait Paris or Somewhere, avec pour vedettes Callum Rennie et Molly Parker, aussi nouveaux venus dans l’industrie. Il a été réalisé par Brad Turner, qui est maintenant le chef de production de Hawaii five o. C’était son premier long métrage. Ainsi, tous ceux qui étaient présents étaient soit des nouveaux venus dans l’industrie soit des personnalités montantes. On s’amusait bien. J’ai adoré. Si je m’en souviens bien, ma fille était là dans la Vallée de Qu'Appelle, et s’est fait mordre par le chien du coin…. cela a toujours été exaltant d’aider à faire s’épanouir des talents créatifs. C’était le premier scénario du scénariste de Paris or Somewhere. Nous avons travaillé deux ans dessus. Nous avions une relation intéressante. Le premier jour du tournage, sa femme nous a pris en photo tous les deux : il était tellement excité qu’il m’a marché sur le pied. Cela illustre un peu notre relation : beaucoup d’épanouissement et un peu de douleur. Il a été nominé à un prix Gemini pour ce scénario. J’ai trouvé ça très gratifiant.

F. D’où vient votre passion ?

T. De raconter des histoires dès la troisième année. Mon professeur de troisième année était aussi ma tante. Elle nous apprenait à écrire des compositions. Chaque semaine, nous devions écrire une composition et j’attendais cela avec impatience. Cette année là de ma vie a été difficile. J’avais 8 ans. John Kennedy a été assassiné au mois de novembre, mon plus jeune frère est né à noël, les Beatles sont apparus sur l’émission d’Ed Sullivan à noël et mon père, qui était un homme fabuleux mais en difficultés, a fini en prison au mois de janvier. Et toute ma vie s’est écroulée. Ecrire des histoires m’aidait à m’échapper temporairement. Je pouvais écrire des compositions et être dans un ailleurs que j’avais défini moi-même, et revenir en me sentant rafraîchie et renouvelée.

Kim Todd, Part 2: Life as a producer